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Tuesday, June 27, 2006

Proust chez Ritz

Ritz Les années suivantes, je reçus tant d’invitations à dîner au Ritz que je fus grandement récompensé de cette soirée qui, en réalité, ne m’avait donné aucune peine. Bientôt, des enchantements d’une tout autre nature me furent offerts par la fréquentation régulière de ce lieu : lorsque j’arrivais place Vendôme, sur la brève distance qui séparait la voiture de l’Hôtel, trois pavés incurvés formaient comme une petite vasque triangulaire où mon pied glissait, légèrement désaxé ; mais c’est sans nulle appréhension que j’abordais ce sol inégal : chaque fois, au contraire, un léger frémissement annonciateur de bonheur s’emparait de moi, sans que j’en devinasse la cause, croyant toujours la saisir dans la perspective d’un dîner succulent, studieux, amical ou mondain, ou celle de l’agrément que j’aurais à causer avec Olivier, avec le directeur, M. Ellès, ou avec tel des employés avec qui j’étais devenu familier ; je cheminais, et c’était une joie sans cesse renouvelée, un signe avant-coureur de mes « bonheurs-du-Ritz », que de retrouver, inattendu, discret, impitoyable, prometteur et caché, ce petit passage où la frêle voix du souvenir, ravie, transportée, aérienne, s’écriait au plus profond de moi : « Venise ! ».

Marcel Proust

Paris as seen by the morning sun of three or four and twenty and Paris in the twilight of the superfluous decade cannot be expected to look exactly alike. I well remember my first breakfast at a Parisian cafe in the spring of 1833. It was in the Place de la Bourse, on a beautiful sunshiny morning. The coffee was nectar, the flute was ambrosia, the brioche was more than good enough for the Olympians. Such an experience could not repeat itself fifty years later.

Oliver Wendell Homes, Our Hundred Days in Europe

(Marcel Proust)

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